Madeleine iconographie et détails de la restauration

Fiche d'identité de l'oeuvre

⇒ Descriptif : huile sur toile

⇒ Sujet : LE CHRIST ET MARIE-MADELEINE

⇒ Signature : pas de signature

⇒ Dimensions : hors cadre 110 X 130 cm

⇒ Propriétaire : commune de Fontaines Saint Martin (Rhône)

Datation

Ce tableau a probablement été réalisé au XVIIème siècle. Quelques éléments permettent la datation : 

► Châssis fixe en chêne d’origine. Assemblage d’angles à l’aide de clous en fer forgé datant de cette époque. Absence de chanfrein. Présence de semences et de clous du XIXème siècle datant de la précédente restauration.

► Toile de chanvre très épaisse (cannabis sativa) utilisée jusqu’au tout début du XVIIIème siècle. Trame alternée tissée mécaniquement. Au revers de la toile figure une inscription rouge «Donné par le curé Garnier en 1895».

► Préparation de couleur rouge argileuse en mélange à de la colle de peau (bol d’Arménie).

► Technique de peinture XVIIème siècle. Tableau très sombre dû au traitement du sujet mais également à l’oxydation des couleurs à l’huile et à certains pigments de l’époque non stables. Couches de couleurs en superposition allant jusqu’au glacis traitées «façon XVIIème» en respect de l’ordre de pose des huiles et médiums utilisés.

Précédente restauration XIXème

Sur un côté latéral de la toile, une bande de tension (en toile de lin) a été posée en renfort.
Le bas de la toile ayant énormément souffert d’humidité et largement imbibé par le passé a été entièrement restauré sur 3 cm de hauteur. A cet endroit les repeints ont largement dépassé la zone à couvrir, ce sont des «surpeints». Les mastics à la colle de peau (XIXème) par contre sont relativement sains.
Le côté gauche vers le tombeau du Christ a été totalement mastiqué et repeint d’une large bande noire. On ne détecte plus le tombeau, on ne peut que l’imaginer.
Bandes de bordage en papier Kraft.
L’allègement du tableau est abusif entraînant par exemple la totale disparition des glacis sur le corps du Christ et les couches de couleurs précédentes. Résultat : un épidermage important, des manques complets de dessin et de couleurs.
 

Histoire et iconographie

Nous ne connaissons ni l’auteur, ni l’histoire de ce tableau. Seule une inscription figure au revers de la toile «Donné par le curé Garnier en 1895». Monsieur le Curé Garnier a exercé effectivement à la paroisse de Fontaine St Martin. Peut-être possédait-il ce tableau et l’a fait restaurer avant d’en faire don à l’église ?

Sujet : la rencontre  du Christ et de Marie-Madeleine. La scène se passe le matin du lundi de Pâques près du Saint Sépulcre selon l’Evangile de Jean.

 

Représentation

L’apparition du Christ ressuscité à Marie-Madeleine.

Composition iconographique du tableau

► Pour signifier l’instant de la scène, c'est-à-dire aux aurores le sujet est traité ici de façon très sombre.
► Madeleine à genoux regarde le Sauveur, ses mains sont sur la même verticale que les deux mains du Christ : c’est le seul lien qui les unit. Marie-Madeleine voudrait bien clamer tout son amour mais le Christ lui dit : « Noli Me Tangere » (« ne me touche pas »). C’est pourquoi dans cette représentation la Sainte tient ses mains pudiquement repliées sur elle-même.
► Le Christ sur lequel la lumière divine s’attarde généreusement semble ici en élévation. C’est une façon de nous montrer que le Christ es monté dans la gloire du Père.
►  Selon Jean, Marie-Madeleine se tient près du tombeau et sanglote lorsque deux anges lui apparaissent. Ce sont vraisemblablement les deux anges qui se tiennent derrière Marie-Madeleine, un placé légèrement dans son ombre, l’autre se tenant sur la montagne avec un étendard. Quant aux deux séries d’anges dans le ciel, on peut penser que l’auteur a égayé la composition de son tableau puisque la présence divine ici est déja largement exploitée.
► Le tombeau derrière le Christ est couvert de fleurs et de lierre symbolisant l’amour éternel et la fidélité.
► L’ombre tout près du tombeau est la manifestation de la présence divine.

Marie-Madeleine

► Marie, nom hébraïque d’origine égyptienne dérivé du mot aimer et Madeleine signifiant «originaire de Magdala».
► Pécheresse, elle demande pardon à Jésus et elle fut, la première, témoin de la résurrection du Christ.
► L’image de Marie-Madeleine suit la tradition qui découle de l’interprétation de Grégoire le Grand, selon lequel s’identifient dans sa personne les deux figures de Madeleine : celle qui oignit les pieds de Jésus dans la maison de Simon le Pharisien et la sœur de Marthe de Béthanie. Marie-Madeleine serait donc présente dans différents épisodes des Evangiles. Célèbre pécheresse elle se présente à Jésus, hôte de la maison de Simon, pour lui demander pardon de ses péchés, lui baignant les pieds de ses larmes, les essuyant de ses cheveux et les parfumant d’un onguent précieux. Cet épisode, mis en relation avec celui de éthanie où, pour honorer Jésus, elle ouvrit un vase d’onguent et lui en versa sur la tête et les pieds, est une préfiguration et une annonce de la mort du Christ. Marie de Magdala est en effet l’une des trois femmes qui, le lendemain du sabbat, se rendirent de grand matin au sépulcre pour oindre le corps de Jésus, et c’est elle qui vit le Christ avant les apôtres.